
Pour cette première chronique, j’ai choisi de parler d’un roman qui ne fait pas du tout, mais alors PAS DU TOUT partie de ce que je lis habituellement. De la romance. Avec comme personnages principaux une héroïne « populaire » et un « mystérieux guitariste » bien cliché… Brr… Mais dans quoi je me suis fourrée ?? Pourquoi est-ce que j’ai décidé d’acheter ce truc à la couverture toute rose ? Et POURQUOI (oui : POURQUOI ??) est-ce que j’ai décidé de me lancer aussi joyeusement dans une chronique qui ne pourra qu’être négative ?
Eh
bien, messieurs dames, voilà la réponse, claire et nette : parce que je
me suis trompée sur toute la ligne. Eh oui. Ce n’est pas que de la
romance. L’héroïne n’est pas totalement intégrée au groupe des populaires. Le
« mystérieux guitariste » est une fausse alerte. En fait, ce livre
n’a rien d’un roman de plage qu’on lit les doigts de pied en éventail. Les
thèmes abordés sont universels et m’ont pour certains touché au plus profond de
moi-même : on y parle d’amitié, de découverte et d’affirmation de soi, de
blessures internes, secrètes, et de tout ce que l’on fait pour garder la face
et paraître « normal » – dans tous les sens du terme – afin de ne pas
être rejeté par autrui.
Pourtant, je ne suis pas partie du bon pied avec ce roman. Le début était pour ainsi dire… bizarre. Enfin, pas le tout début : c’est à partir du troisième chapitre que j’ai eu des doutes sur la qualité de ce que j’étais en train de lire. Je vous explique.
Le premier chapitre est très intriguant et m’a beaucoup plu, avec Samantha, aka Sam, aka notre héroïne, en proie à une crise d’angoisse alors qu’elle prépare la Saint-Valentin avec ses amies. Le chapitre qui suit est tout aussi correct : Sam s’entraîne pour une compétition de natation, on en apprend plus sur elle, sur ses troubles ; bref, tout est parfait. Mais ensuite… Bam, retour sur Terre : c’est la rentrée. Et même si ce mot suffit à refroidir n’importe qui, ce n’est pas ça qui m’a déplu, mais bien la narration. J’ai trouvé que tout allait un peu vite, que ça manquait de descriptions en ce qui concernait le décor (vous me direz qu’on s’en fiche, que tous les lycées se ressemblent… mais quand même, ça reste important pour l’immersion) et surtout, SURTOUT, l’auteure a commis l’irréparable : à savoir, « BAM, vas-y que je t’envoie les quatre amies de Sam à la figure en UNE page ! » Vous devez savoir que c’est quelque chose que je déteste par-dessus tout. Le prologue n’est pas suffisant pour retenir leurs noms ; et en plus, dans ce chapitre en question (dans cette unique page), il est bien évident que l’auteure ne va pas se contenter de les nommer, mais aussi de les présenter physiquement. Du coup, au cours des pages qui ont suivi, j’ai dû faire quelques retours en arrière afin de me rappeler qui était qui entre Olivia, Kaytlin, Hailey et Alexis – en même temps, elles sont toutes les quatre jolies, riches et très populaires… Vous avez l’impression que je chipote ? Peut-être. En fait, c’est une manière de remplir le quota « défauts-du-bouquin-à-trouver-absolument-sinon-ça-va-faire-louche-si-je-ne-dis-que-des-choses-positives. »
Enfin
bref, passons plutôt à la suite : la rencontre fortuite entre Sam et une
fille qui n’aurait aucune chance de poser ne serait-ce qu’un orteil dans son cercle
d’amies VIP : Caroline, toute en tee-shirt à inscriptions et bonnet de ski à
rayures. Là encore, j’ai trouvé qu’elles se liaient d’amitié un peu trop vite,
mais peu importe : le décor est posé. On a envie de savoir ce qui va
passer le jeudi suivant, à la cloche du déjeuner, dans cette salle de théâtre
obscure… Quelque chose qui devrait changer la vie de Sam à jamais…
Mais
ne vous inquiétez pas, je n’irai pas plus loin dans l’intrigue. J’essayais
juste de vous montrer à quel point ce début de roman m’a laissé des impressions
un peu contradictoires. C’est à la fois rapide et intriguant et, bien que
l’intrigue semble assez plate et convenue, j’ai tout de même eu envie de
continuer.
Malgré tout, je suis restée mitigée un bon nombre de pages après ça. L’idée du club de poésie caché était plutôt bonne, AJ le guitariste n’était pas aussi lisse que je l’aurais cru, ni Sam… mais voilà. Ce n’était pas transcendant. Du moins, jusqu’à ce que se produise LA révélation. Comme si une bonne fée m’avait espionnée jusque-là (ce qui serait un peu creepy, entendons-le) et, déçue par mon manque d’enthousiasme, avait soudain décidé d’agiter un peu de poudre magique devant mes yeux. Franchement, je ne saurais dire quand le changement s’est produit. Tout ce que je sais, c’est d’avoir soudainement trouvé une nouvelle profondeur à ce roman. J’ai arrêté de traquer les défauts de la traduction, finalement pas si nombreux (la mère d’Olivia et la psy qui vouvoient Sam alors qu’elles la connaissent depuis longtemps m’ont fait tiquer, par exemple) et je me suis laissée emporter.
Dans
ce roman, ce sont les personnages qui font quasiment tout le job. Commençons
par Sam, notre héroïne. Sur certains côtés, ce n’est pas le genre de
personnages auquel on pourrait s’attacher facilement : par exemple son
appartenance au groupe des « populaires », qui n’est pas souvent un
club bisounours et arcs-en-ciel, et surtout le fait qu’elle ait participé à une
affaire de harcèlement au primaire (oui). Néanmoins, on comprend rapidement
qu’elle n’est pas à l’aise avec son groupe de BFF (surtout après le
comportement un peu discutable de certaines d’entre elles), que sa névrose
obsessionnelle l’empêche de vivre sa vie pleinement, et que son seul vrai
réconfort se trouve à la piscine, quand elle ne fait qu’un avec l’eau chlorée ;
en bref, qu’elle se cherche et qu’elle se pose des questions. Et c’est ça, ce
sont ses doutes, qui permet de s’identifier aussi facilement à elle : je
vous mets au défi de trouver un seul adolescent au monde qui n’a jamais
dissimulé quelque chose de manière à s’intégrer et à ne pas se faire rejeter –
peu importe si ce n’est pas aussi grave que Sam. Ou alors un ado qui n’a jamais
remis sa situation en question et n’a jamais cherché à trouver ce qui était le
mieux pour lui. Vous-même êtes peut-être déjà passé par l’une de ces phases…
Et
si on parlait un peu d’AJ, maintenant ? Vous voulez que je le décrive en
un mot ? OK : Waouh. Il n’est ni beau gosse ni ténébreux, ni
trop protecteur ni envahissant. Lui aussi a traversé une période extrêmement
difficile et n’en est pas sorti indemne. C’est ce qui le rend humain et pas
aussi inaccessible que d’autres BG de romans Young Adult. Parfois même, j’ai eu
l’impression qu’il était un peu trop effacé, même si sa relation avec Sam est globalement
toute mignonne malgré un début un peu difficile – ce qui est parfaitement
cohérent, je vous rassure.
Et
les autres membres du Coin des Poètes ? Même s’ils ne sont pas tous très
développés (en même temps, vu leur nombre…), on parvient à saisir sans mal
toutes leurs nuances et les blessures qu’ils expriment à travers leurs
poèmes : des déchirures de l’âme que n’importe qui peut connaître, et qui
ne les rend que plus attachants (non, je donnerai aucun exemple : hors de
question que je spoile !). En somme, c’est l’inverse total des
« amies » de Sam, à qui on a parfois envie de donner des baffes. Mais
en même temps… Ne sont-elles pas prises dans une spirale infernale ?
Puisqu’elles occupent une position aussi élevée dans la hiérarchie lycéenne,
rien ne doit les en faire vaciller : elles ont un rôle à tenir pour
conserver leur popularité, quitte à ce que l’amitié qui les unit demeure
superficielle – ce dont Sam se rend compte assez bien. Même si ce n’est pas
vraiment le thème principal de ce roman, suffisamment d’éléments sont donnés
pour que l’on se pose des questions.
Maintenant, parlons vite fait de l’intrigue (parce que oui, ça serait un peu dommage de juste se concentrer sur les personnages et le début du roman). Pour résumer très grossièrement, elle est rythmée par la découverte de personnes et de lieux qui vont aider Sam à renforcer sa confiance en elle, à apprivoiser sa névrose et à se rendre compte de ce qu’elle désire vraiment… jusqu’au plot twist final, terriblement cohérent et si bien trouvé (j’en ai encore des frissons rien que d’y penser).
En bref, vous l’aurez compris, c’est un roman avant tout psychologique, qui pose plein de questions tout en délivrant un message finalement positif, ou du moins encourageant. En effet, malgré les thèmes souvent assez durs qu’il aborde, il n’a rien de déprimant mais, au contraire, montre qu’il est toujours possible de s’accommoder de sa propre situation, aussi difficile soit-elle, et même d’agir pour la rendre meilleure – quand bien même certains choix peuvent être assez douloureux sur le moment. Pour autant, rien n’est artificiel : on ne nous assomme pas à coup de « pouvoir de l’amitié » à la sauce Kindgom Hearts, tout est amené avec délicatesse et humanité. Et en ce qui me concerne, c’est quasiment un coup de cœur. Comme avec Sam et AJ : on est parti du mauvais pied tous les deux, puis on s’est apprivoisé, je lui ai laissé une seconde chance, et finalement on a filé le parfait amour pendant au moins deux cents pages (bon, ceci étant dit, j’espère que ça durera plus longtemps pour Sam et AJ…).
Romance,moui,effectivement,ce terme a de quoi en rebuter plus d'un ,mais après cet excellent panégyrique, difficile de résister à l'appel de ce livre, je n'en vais prochainement vérifier ces assertions !
RépondreSupprimerIl faut ! Ce n'est pas du tout une romance guimauve comme celles qui hantent tes cauchemars, t'inquiète pas ^^
SupprimerEn tant que membre officielle de la team Anti-romance, je t'avoue que ce livre me rebute un peu d'apparence ! Mais là, tu as totalement réussi à me convaincre de le lire ^^ En tout cas, en total objectivité, ta chronique est vraiment superbe ^^ J'ai hâte d'en lire d'autres !
RépondreSupprimerUn jour on fondera un club officiel xD (avec Abigael Ombrelle on sera au moins trois !) Mais tant mieux si je t'ai convaincue, il mérite vraiment qu'on lui laisse sa chance !
SupprimerEt merci beaucoup :D
Un roman qui me tentait à sa sortie... Puis que j'ai un peu oublié ! ^^ Mais ta chronique me rappelle son existence :)
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te restera en mémoire plus longtemps, il mérite d'être découvert ! :D
SupprimerJ'ai lu et j'ai apprécié,énormément, le style est poétique et Sam est tout simplement magnifique. Psychologique effectivement plus que romantique. Belle découverte
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