mardi 23 juin 2020

Le rêve de Sam, Florence Cadier - #BLM Challenge

Titre : Le rêve de Sam

Auteur : Florence Cadier

Éditeur : Gallimard jeunesse (Pôle Fiction)

Date de parution : 2008

Nombre de pages : 177 p.


 
Le jour où, dans une square, Sam s'assoit sur le mauvais banc, il se fait arrêter par la police. Car Sam a la peau noire. Et en 1952, dans le sud des Etats-Unis, un Noir ne peut pas s'asseoir n'importe où. En grandissant, le jeune garçon s'accroche à un rêve : devenir juge afin de combattre les lois raciales. À travers le récit de Sam, plongez au cœur de la lutte non violente des Noirs américains.


→ Valide la consigne 6 : lire un livre mettant en scène un personnage historique lié à la lutte contre le racisme ou la ségrégation


Aujourd’hui, on continue avec les romans jeunesse ! Comme Sweet Sixteen, Le rêve de Sam prône la tolérance tout en initiant les jeunes publics à l’histoire de la ségrégation, mais avec une dimension pédagogique encore plus poussée.

En effet, l’histoire que nous raconte Sam m’est vite apparue comme un prétexte pour nous rappeler les combats menés au milieu du XXe siècle dans le but de défendre les droits des communautés noires étatsuniennes : ainsi, passé un premier chapitre plutôt très violent, on assiste au fait d’armes le plus célèbre de Rosa Parks, puis à un crossover ultime avec Sweet Sixteen (c’était d’ailleurs une expérience assez bizarre puisque les deux autrices n’abordent pas le sujet de la même façon), et enfin à la lutte pacifique initiée par Martin Luther King jusqu’à son fameux discours, « I have a dream ». Malcom X fait aussi une apparition éclair, mais l’autrice ne s’appesantit pas vraiment sur les actions qui sont impulsées dans le nord du pays.

Mais ne vous inquiétez pas pour autant : ce roman n’est pas un simple alignement de dates et de faits historiques. Sam, ce jeune garçon noir désireux de poursuivre le combat de ses parents morts dans des circonstances tragiques (cf. le fameux premier chapitre plutôt violent), joue lui-même un rôle énorme dans ce combat pour l’égalité et la reconnaissance des droits des communautés noires. Son courage et la force de ses convictions l’amènent à être fréquemment en contact avec Martin Luther King (d’où la présence de celui-ci dans le roman) et ne peuvent que laisser admiratif. Autre chose qui m’a plu : comment lui et son frère Josh emploient des moyens différents pour parvenir au même but. Josh est plus déterminé à recourir à la violence, contrairement à Sam. Du coup, ça permet de nuancer le propos de l’autrice et de montrer qu’il n’existe pas qu’un seul moyen d’obtenir ce que l’on recherche – comme on le remarque en ce moment, d’ailleurs.

Avec tout ça, peut-on croire que ce livre n’a aucun défaut ? Pas besoin de vous dire que si, il y en a. D’ailleurs, ce sont les mêmes que Sweet Sixteen : Le rêve de Sam est très court et ne va donc pas toujours au fond des choses. Même si l’on assiste à un certain nombre de scènes assez violentes et même si le sujet est en un sens plutôt bien exploité – on sent que Florence Cadier a bossé dessus –, l’ensemble demeure assez rapide et on peut regretter parfois que l’autrice ne s’attarde pas plus sur certains des faits qu’elle raconte. Il n’y a jamais de temps morts, jamais de pause véritable : quelque chose se passe et pouf ! on passe tout de suite au suivant. Le fait que la plupart des chapitres recouvrent chacun une année entière y est pour beaucoup. Et (je ne savais pas où le caser mais j’ai envie d’en parler, donc on va le faire maintenant) l’épilogue m’a laissée un peu perplexe : l’autrice est-elle vraiment optimiste ou est-ce que c’est une feinte ? Parce que bon, « actuellement, l’égalité entre les races paraît acquise », ce n’est pas tout à fait vrai quand on voit le contexte actuel… Au contraire, la lutte de Martin Luther King est plus que jamais d’actualité - ce qui infirme d’ailleurs les phrases suivantes : « Est-ce la réalité ? Notre lutte se perd-elle déjà dans les mémoires ? Parfois, je me demande si nous ne faisons pas figure de dinosaures ! » Je vous laisse réfléchir là-dessus…


En résumé, plutôt que de dénoncer le racisme ou de traiter d’un événement particulier, comme c’est le cas avec Sweet Sixteen, l’autrice a fait le choix de parler de « tout » au risque de ne pas aborder le sujet en profondeur et que tout s’enchaîne un peu trop vite. Le but est forcément pédagogique : grâce à ce livre, les plus jeunes comprendront les grandes lignes du combat de Martin Luther King et des communautés noires étatsuniennes dans les années 1950-1960. Et pour les plus vieux, disons que ça fait office de piqûre de rappel : il est d’ailleurs suffisamment captivant pour qu’on oublie vite ses quelques défauts.



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