dimanche 28 juin 2020

Qui a tué Glenn ?, Leonie Swann


Titre : Qui a tué Glenn ?

Auteur : Leonie Swann

Éditeur : Le livre de poche

Date de parution : 2007



Sur une pâture de la verte Irlande, le berger George Glenn est retrouvé assassiné, mais personne dans le pays n’est capable de découvrir son meurtrier. Alors son troupeau prend les choses en main. Ces moutons-détectives ont en commun le désir de s’élever au-dessus de leur condition. Aux côtés de Sir Ritchfield (le doyen), d’Othello (un bélier noir au passé mystérieux) et de Zora (une brebis philosophe et alpiniste qui aime à flirter avec les abîmes), Miss Maple, la plus sage d’entre tous, s’arroge la direction de l’enquête. Best-seller en Allemagne et en Italie, Qui a tué Glenn ? est l’un des romans les plus farfelus et les plus imaginatifs publiés ces dernières années.



Des moutons détectives ? Une brebis nommée Miss Maple ? N’en dites pas plus, j’achète ! Sérieusement, avez-vous jamais vu un pitch plus original que ça ? C’est vraiment, incroyablement, tout simplement… décevant. Oui, décevant. J’ai vraiment essayé d’accrocher, mais je n’ai pas réussi à passer un aussi bon moment que je l’aurais voulu.

Par où commencer ? Allez, par le plus simple : l’intrigue, aka l’enquête menée par Miss Maple et son troupeau. Ça, déjà, ça m’a posé problème. Même si on ne perd jamais de vue le but final de toute cette histoire (trouver le meurtrier du berger), ça traîne affreusement en longueur. Le bouquin fait presque 400 pages : honnêtement, je pense qu’il aurait pu en faire la moitié sans le moindre problème. En effet, nos amis laineux n’enquêtent pas H24 et ne se concentrent pas uniquement sur cette affaire. Ils mangent (un certain nombre de paragraphes sont consacrés à cette activité), ils réfléchissent sur des sujets et d’autres, et comme ils ne pensent pas comme nous, ils mettent parfois du temps à comprendre certaines choses ou font des déductions qui n’ont pas forcément grand sens : d’un côté, c’est vrai, j’ai trouvé ça plutôt sympa et cohérent (voire même assez amusant, parfois), mais de l’autre, on ne peut pas nier que ça rallonge un peu trop la sauce.

Si encore le dénouement rattrapait tout… OK, je ne vais pas vous le cacher, j’ai beaucoup apprécié le choix de l’autrice concernant l’identité du coupable (que je n’avais pas soupçonnée une seule seconde). Pour autant, ça ne veut pas dire que je me suis sentie touchée émotionnellement parlant ; au contraire, j’ai trouvé que ça tombait comme un cheveu sur la soupe. Je ne suis pas sûre d’avoir compris tout le pourquoi du comment et je ne me suis pas attachée assez aux personnages humains (que j’ai trouvés assez creux, en finalité) pour me dire autre chose que : « ah, bien trouvé. »

Du côté des personnages, maintenant, que dire ? D’abord, nos amis laineux sont tous attachants à leur manière car ont chacun un caractère bien à eux. J’ai eu une petite préférence pour Miss Maple, très perspicace comme son nom l’indique, Mopple, le mouton le plus glouton qui a parfois (souvent ?) des éclairs de courage bien utiles, et Othello, le bélier noir mystérieux. L’autrice a essayé de respecter certains de leurs instincts moutonniers, comme le réflexe de fuir au moindre signe de danger, mais verse tout de même un peu dans l’anthropomorphisme sur d’autres points : une dualité nécessaire pour qu’on ait l’impression d’avoir bel et bien affaire à des moutons tout en rendant leurs pérégrinations un minimum intéressantes. Et pour le coup, ça a plutôt bien marché pour moi, je n’ai jamais vraiment eu l’impression qu’une scène était trop absurde ou irréaliste (en tout cas pas avec nos amis laineux, certains dialogues entre humains m’ont laissée un peu perplexe…).

Maintenant que j’ai dit quelque de chose de bien sur ce livre (enfin), on va passer à une sorte de point à la fois positif et négatif (un point négatopositif ?) : le style d’écriture et/ou la traduction. Ce que j’ai aimé : assez souvent, c’est très imagé au point d’être presque poétique. Je ne crois pas l’avoir déjà dit, mais j’apprécie tout particulièrement quand un auteur ou une autrice a une plume qui sort de l’ordinaire. Ce que j’ai moins aimé : parfois, ça part un peu loin. Il y a quelques phrases et même des paragraphes entiers que je n’ai pas compris, justement parce qu’ils étaient trop abstraits (coucou les deux passages en italique, et en particulier le deuxième que j’ai survolé (oui oui, je n’ai aucune honte à l’avouer)). Inutile de dire que ça m’a parfois un peu freinée dans ma lecture.

 

Qui a tué Glenn ? est donc un roman très original et peut-être même unique en son genre. Les moutons détectives sont vraiment des moutons, l’autrice s’est efforcée de minimiser tout anthropomorphisme et de respecter au mieux leurs caractéristiques d’ovidés. S’il n’y avait eu qu’eux, le livre aurait été parfait… sauf qu’il y a cette fameuse enquête. Les longueurs sont nombreuses et le dénouement plutôt mal amené même si, en soi, je l’ai beaucoup apprécié. Enfin, le style d’écriture est lui-même assez original, ce qui est bien, mais parfois aussi trop abstrait, ce qui est moins bien. Est-ce que je recommanderai ce livre ? Eh bien, pourquoi pas. Ce n’est pas parce que je n’ai pas accroché que ce ne sera pas votre cas : son originalité justifie à elle seule qu’on s’y intéresse.




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