dimanche 14 juin 2020

Sweet Sixteen, Annelise Heurtier - #BLM Challenge


Titre : Sweet Sixteen

Auteur : Annelise Heurtier

Éditeur : Casterman

Date de parution : 2013

Nombre de pages : 219 p. (grand format)



Rentrée 1958. Le plus prestigieux lycée de l'Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l'aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher .



→ Valide la consigne 1 : lire un livre jeunesse/Young Adult



J’avais déjà lu ce roman cinq ans plus tôt mais n’en gardais pas beaucoup de souvenirs. Du coup, et aussi parce qu’il est très court et se lit vite (je l’ai fini d’une traite les deux fois), je n’ai pas hésité une seconde à le relire pour ce challenge.

Mais en vaut-il vraiment la peine ? N’ai-je pas perdu mon temps en le relisant ? Après tout, c’est un roman jeunesse : même s’il s’appuie sur des faits réels (cf. l’intro et la page de conclusion), l’histoire racontée pourrait être édulcorée et/ou manquer de profondeur, histoire de ne pas choquer les plus jeunes. À quoi je peux répondre : non, ce n’est pas édulcoré, et oui, ça manque un peu de profondeur (la faute au nombre de pages).

Annelise Heurtier a fait le choix de raconter sans filtres l’intégration de ces neuf lycéens noirs dans une école de Blancs. Une école du sud des États-Unis, en pleine ségrégation. Vous voyez où je veux en venir ? Rien ne nous est épargné : la rentrée désastreuse, les insultes et les brimades, et puis des représailles particulièrement violentes qui amènent la fin du roman… D'ailleurs, je ne pense pas qu’on aurait pu trouver mieux comme conclusion : la fin n’est par conséquent ni un happy ending ni un bad ending, et s’inscrit parfaitement dans le ton doux-amer qui imprègne le reste du livre.

Cependant (parce que oui, il y a un mais), on peut regretter que l’autrice ne va pas au fond des choses – la faute au format court du bouquin. Déjà, à une ou deux exceptions près, on ne trouve aucune scène de racisme « ordinaire ». Pourtant, je pense que ça aurait pu apporter un vrai plus en donnant davantage de relief à son propos, en le rendant encore plus percutant : par exemple pour montrer que le racisme n’est pas circonscrit au cadre scolaire seul, mais touche également la vie de tous les jours. Et même la violence dont font preuve les élèves à l’égard des neuf lycéens noirs aurait pu être plus développée à mon goût. Même si on a droit à des scènes de méchanceté gratuite, je n’ai pas réussi à être vraiment et profondément révoltée : oui, que des jeunes puissent se montrer aussi cruels donne envie de vomir, surtout qu’ils sont aujourd'hui parmi les premiers à s’engager contre le racisme, mais d’un autre côté, ça ne fait que poser des images sur des choses que je savais déjà.

En fait, le vrai intérêt de ce roman, et ce qui permet de le trouver aussi choquant sur certains aspects, c’est tout simplement le fait qu’il est inspiré de faits réels. Pour des jeunes encore peu familiers des notions de racisme et d’injustice, ce livre peut constituer une parfaite initiation (après tout, il ne faut pas oublier le public auquel il s’adresse en premier lieu). Et il l’est d’autant plus qu’il apporte aussi une vraie leçon d’histoire avec le « ping-pong » politique qui a lieu dans la première moitié du roman : en gros, le fait que divers acteurs importants se renvoient la balle de l’intégration des Noirs dans les lycées de Blancs, parce qu’ils ont des avis opposés sur le sujet. Quand je l’avais lu cinq ans plus tôt (j’avais alors seize ans), j’avais trouvé cette première partie plutôt longue, mais ça n’a pas été vraiment le cas lors de ma relecture : comme quoi, notre vision d’un roman peut largement évoluer avec le temps !

Et les personnages dans tout ça ? Eh bien, nos deux protagonistes sont chacune attachantes à leur manière. Molly, l’une des lycéennes noires, pour son courage et sa ténacité, et Grace, une fille blanche du même âge, pour son discernement et sa capacité à remettre en question ses préjugés. Mais ne vous leurrez pas : elles n’interagissent quasiment jamais entre elles. Malgré tout, leurs points de vue respectifs sont tous les deux intéressants, parce qu’ils n’abordent pas les mêmes problématiques et que les deux filles n’évoluent pas dans le même monde : Molly lutte à sa manière pour plus d’égalité et de justice, tandis que Grace est entourée d’amies et de personnes fermement décidées à maintenir la ségrégation le plus longtemps possible. Bref, vous l’aurez compris, leurs histoires sont complémentaires et apportent un éclairage différent sur la question du racisme, MAIS (oui, il y a TOUJOURS un mais) j’ai parfois eu l’impression que leurs émotions n’étaient pas assez développées et ne permettaient pas d’être pleinement immergé. Là encore, je mets ça sur le compte de la taille du livre.



En résumé, c’est un livre court qui va droit à l’essentiel. L’autrice raconte une histoire basée sur des faits réels sans filtres, sans édulcorer la cruauté des élèves à l’encontre des neufs lycéens noirs fraîchement débarqués. L’alternance des points de vue de Grace et de Molly permet d’apporter un éclairage complémentaire sur la question du racisme et de la ségrégation qui fait rage à l’époque durant laquelle se déroule l’histoire. Je ne le recommanderai pas spécialement à des adultes, car d’autres romans abordent le sujet avec plus de profondeur, mais pour des jeunes (la cible principale de ce bouquin, rappelons-le), il peut constituer une excellente introduction à ces sujets très durs.



4 commentaires:

  1. Ce roman me rappelle un roman que j'ai, abordant également le sujet de la ségrégation. Pour le coup, c'était une lecture dure mais réaliste.

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    1. Est-ce que tu te rappelles de ce roman ? Ça m'intéresse ^^

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