L'habit ne fait pas le moineau, Zoe Brisby

Titre : L'habit ne fait pas le moineau

Auteur : Zoe Brisby

Éditeur : Mazarine

Date de parution : 2019

 Maxine, vieille dame excentrique souffrant de la maladie d’Alzheimer, s’échappe de sa maison de retraite, bien décidée à en finir dignement avec la vie. Alex, jeune homme introverti au cœur brisé par un chagrin d’amour, cherche une raison de vivre. Réunis au hasard d’un covoiturage dans une Twingo hors d’âge, les voilà qui s’élancent à travers le pays. Mais quand Maxine est signalée disparue et que la police s’en mêle, leur voyage prend soudain des allures de cavale inoubliable… C’est le début de la plus belle aventure de leur vie ! 

Je suis quelqu’un de très influençable : quand j’ai entendu une dame vanter les mérites de l’habit ne fait pas le moineau au cours d’un café littéraire, j’ai tout de suite eu envie de l’acheter. Finalement, je me le suis fait offrir. Avec du retard, certes. Mais je l’ai eu. Et je l’ai fini une semaine après l’avoir reçu. Ai-je bien fait de m’être laissée convaincre aussi facilement ? Honnêtement, oui : je ne regrette pas ma lecture.

La quatrième de couverture laissait présager une aventure originale et haute en couleurs… et elle n'a pas menti : nos deux compères traversent un certain nombre de situations toutes plus improbables les unes que les autres, les dialogues sont souvent drôles, il n’y a pas de temps morts et on ne s’ennuie jamais. Croyez-moi, l’évasion de Max et leur cavale pour échapper à la police ne sont que deux exemples parmi une multitude d’autres épisodes rocambolesques.

Les personnages y sont pour beaucoup. Commençons par Maxine (best mamie ever) : elle a raison à 100 % de vouloir se faire passer pour plus jeune qu’elle ne l’est, parce qu’elle ne fait pas du tout ses 90 et quelques balais. Pleine de vitalité, un peu excentrique sur les bords, elle ne mâche pas ses mots et est toujours à la recherche de nouvelles expériences : en somme, elle mord la vie à pleines dents… et, oh, attendez, il y a quelque chose qui cloche... Pourquoi a-t-elle décidé d’en « finir dignement avec la vie »  ? Et pourquoi je ne m’attendais pas du tout à voir une nonagénaire pareille alors que le résumé nous la teasait « souffrant de la maladie d’Alzheimer » ? Elle a l’air parfaitement en forme, pourtant… Pour le coup, si comme moi vos connaissances sur cette maladie se limitent à ce que l’on sait communément, ne vous fiez pas au résumé. Autre chose à savoir sur Maxine : elle n’est pas juste originale, elle sait aussi faire preuve d’une grande sagesse. Ses enseignements vont beaucoup aider Alex (notre deuxième compagnon de route) à reprendre confiance en lui... et m'ont aussi fait réfléchir ! En effet, sans le vouloir, j’ai lu ce bouquin alors que je me posais justement un certain nombre de questions existentielles à l’approche de mon anniversaire (qui commence à dater légèrement, c'est vrai). Merci Maxine de m'avoir remonté le moral, en me rappelant notamment que le plus important est de vivre l’instant présent !

Mais bref, revenons à nos moutons. Et passons à Alex : lui, je l’ai trouvé un peu moins sympathique. Qu’il soit dépressif aurait dû me pousser à ressentir de l’empathie pour lui (ce qui a été en partie le cas), mais j’ai souvent eu l’impression qu’il faisait des montagnes de pas grand-chose au point d’en être agaçant. Alors oui, vous me direz, c’est normal : il manque de confiance en lui, il a vécu quelque chose de difficile (comme Maxine, d’ailleurs, et à la limite c’est encore pire pour elle), il ne s’est pas encore remis, toussa toussa. Mais à mes yeux, il ne fait pas le poids face au charisme de Maxine. En fait, je l’ai surtout apprécié pour sa capacité à désamorcer le sérieux d’un certain nombre de situations, souvent de manière parfaitement involontaire – Maxine n’est pas en reste, mais elle a trop de qualités pour que je prenne la peine de le préciser.

Passons aux défauts de ce bouquin. En fait, à part les élucubrations d’Alex, je n’en vois qu’un majeur : certaines incohérences que l’autrice a essayé de corriger en cours de route, mais trop tard à mon goût (pourquoi la police n’a-t-elle pas obtenu la plaque d’immatriculation de la voiture plus tôt ? Pourquoi n’a-t-elle pas tracé le portable d’Alex aussitôt ?). Comme pourrais-je excuser ça ? Je sais ! Il faut prendre ce roman au second degré (sauf pour les enseignements de Maxine). Les flash info sont d’ailleurs assez représentatifs de cet état de fait, les nouvelles communiquées étant parfois volontairement exagérées et créant donc un certain effet de comique. Mais sinon… Non, je ne vois pas. Même la fin n’est pas décevante ! Au contraire, elle est très touchante, au point que je n’avais pas très envie de quitter Maxine et Alex.

 

Ce fut donc une excellente découverte. Nous sommes embarqués dans une aventure rocambolesque et bourrée d’humour, avec pour compagnons de route une nonagénaire pleine de vitalité et un jeune homme dépressif : tous les deux essaieront de s’aider mutuellement, Alex à empêcher Maxine de mettre fin à ses jours, et Maxine à aider Alex à regagner confiance en lui. Vous l’aurez compris, c’est un roman feel good, mais pas que : il met en lumière les difficultés de la vie et nous délivre par la voix de Maxine un message optimiste qui vous remontera le moral à coup sûr. Inutile de dire que je le recommande chaudement : surtout maintenant que nous sommes en plein été, c’est le moment parfait pour se plonger dans un roman sans prise de tête.