mercredi 2 septembre 2020

Brexit Romance, Clémentine Beauvais


 Désespérée par le Brexit, Justine Dodgson décide de lancer une start-up secrète. Son objectif : organiser des mariages blancs entre Français et Anglais afin que ces derniers obtiennent un passeport européen. Quand elle rencontre Marguerite Fiorel, jeune soprane talentueuse, et Pierre Kamenev, son taciturne professeur de piano, Justine imagine aussitôt avec qui les faire convoler. Mais quand l'amour s'en mêle, tout se complique... 

 


Brexit Romance est plus ou moins l’équivalent d’un OVNI dans la littérature : oui, appelons-le un OENI : un objet écrit non identifié.

Pourquoi ? Eh bien, commençons par le thème principal de ce petit pavé : le Brexit. OK, c’est parfaitement dans l’air du temps, mais soyons honnête, on ne peut pas dire que ce soit le sujet le plus palpitant qui puisse exister – en tout cas pas pour nous, pauvres Français. Pourtant, Clémentine Beauvais arrive sans mal à parler de ce sujet sans que l’on s’ennuie. De la même façon, elle aborde plein d’autres problématiques d’actualité qui sont surtout liées au féminisme et à tout ce qui concerne la communauté LGBT. Je pourrais même aller jusqu’à dire que c’est le bouquin le plus actuel que j’ai jamais lu : je n’aurais pas pensé voir un jour de l’écriture inclusive dans un roman, ni tomber à plusieurs reprises sur le nom de Macron. C’est à la fois un peu étrange mais aussi agréable. Et que dire du (ou plutôt de la) guest star ultime qui s’invite dans une réception… Mon cerveau a tellement bugué que je me suis juste dit : WTF ? Avant d’embrayer sur un : Ah OK. Finalement ça passe.

Oui, vous l’avez bien lu, ma matière grise est passée de l’anglais au français sans le moindre problème. Comme l’autrice : c’est très plaisant de voir qu’elle maîtrise aussi bien le français que l’anglais. Ainsi, on a droit à plusieurs situations qui mettent en avant les subtilités de chaque langue (et surtout de l’anglais), ce qui crée parfois des dialogues assez cocasses. C’est vrai, je n’ai pas souligné que l’humour est (évidemment ?) très très présent et servi à toutes les sauces. Vous devez bien vous en douter, c’est en partie grâce à lui que l’on passe un excellent moment… si excellent, en fait, que les pages se tournent toutes seules.

L’autre raison de cette envie compulsive de découvrir la suite n’est pas tant l’intrigue (enfin si, mais on y revient dans un instant) que la plume de l’autrice. J’aurais dû le dire dès l’intro, my bad : c’est le premier roman de Clémentine Beauvais que je lis. Et donc, la première fois que je découvre son style. Et donc, la première fois que je me dis : OMG, mais elle écrit trop bien ! Sérieusement, il a quelque chose de très personnel et de très fluide qui me l’a fait aimer tout de suite – pas au point de rivaliser avec la plume de Christelle Dabos dans mon cœur, mais presque.

Quant à moi, je suis à court de transitions naturelles. Donc je vais le dire trash : passons à l’intrigue – la fameuse intrigue d’une originalité proprement ahurissante. Eh bien, je ne vais pas vous le cacher, le début a été assez difficile : il m’a fallu un peu de temps (100 ou 200 pages ?) pour bien comprendre où l’autrice voulait nous emmener, et autant de pages pour m’habituer à l’étrangeté un peu loufoque de ce que j’étais en train de lire. Finalement, je me suis laissée prendre au jeu de ces mariages arrangés et des intrigues amoureuses qui sont venues pointer le bout de leur nez, histoire de pimenter un peu le tout. Et s’il me faut faire des remarques plus générales, je dirais que le rythme n’est ni trop lent ni trop rapide, et que tout s’enchaîne avec un certain naturel. Certains passages plus explicatifs auraient pu être des longueurs si la plume de Clémentine Beauvais n’était pas ce qu’elle était.

En revanche, petit bémol sur les personnages : je ne me suis vraiment attachée qu’au duo Marguerite/Kamenev (je vous renvoie au résumé). Marguerite, d’abord : elle m’a fait penser aux héroïnes de Jane Austen avec ses aspirations romantiques et son côté ingénu ; j’imagine que ce rapprochement m’a permis de m’y attacher assez facilement. Quant à Kamenev (qui est finalement mon préféré), lui aussi pourrait être sorti d’un roman de la même autrice. Ça va vous paraître bizarre dit comme ça, mais j’ai beaucoup apprécié sa froideur et sa rigidité : peut-être parce que ça rendait d’autant plus plaisant le comique de certaines situations dans lesquelles il se retrouve plongé.

Quant aux autres personnages… Bof. Oui, Justine est une féministe convaincue qui se bat aussi pour d’autres causes ; oui, elle est forte, indépendante… mais elle n’a pas su me plaire. Pareil pour les autres, trop peu présents que pour que je prenne le temps de les apprécier, ou alors qui présentent des défauts rendant difficile tout attachement. Je n’en dis pas plus : vous vous en ferez une opinion par vous-même si vous décidez d’ouvrir ce bouquin un jour.


En résumé, c’est un roman très actuel par les thématiques qu’il aborde (le Brexit, le féminisme…) et qui est aussi très agréable à lire. Passé un début assez ardu (le temps de s’habituer à l’originalité de l’intrigue), les pages se tournent comme par magie : aussi bien grâce à l’humour omniprésent que grâce à la plume de Clémentine Beauvais, très personnelle et fluide. Les personnages, eux, n’ont pas su me convaincre à deux ou trois exceptions près ; c’est le seul vrai bémol que je peux soulever. Quant à la question fatidique (le recommanderai-je ?), j’ai envie de vous répondre oui si vous avez envie de lire un livre qui sort totalement de l’ordinaire, et qui ne présente pas de romances trop mièvres.


2 commentaires:

  1. Chouette, notre chouette préférée est de retour de vacances ! Et elle redémarre cette nouvelle année avec une chronique bien alléchante, moi l'allergique au romances, je me laisserai bien tenter !XD

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    1. Tu peux y aller les yeux fermés ;) Je sens que ça pourrait te plaire !

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